Conférences
Aux sources antiques de La Fontaine
« Le loup et l’agneau », « Le corbeau et le renard », « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf », etc. : si on connaît, parfois par cœur, ces fables de La Fontaine, on sait peut-être moins qu’elles n’ont pas été imaginées de toutes pièces par notre fabuliste. Il s’est largement inspiré de ses prédécesseurs grec et latin, Ésope et Phèdre. Que leur doit-il? Quelle est donc son originalité propre? Peut-on dire qu’il a réinventé le genre littéraire de la fable?
Après avoir retracé l’histoire de cet héritage, nous passerons de la théorie à la pratique en nous intéressant à quelques unes de ces fables. Nous montrerons comment La Fontaine a mis en œuvre ce qu’il énonçait dans sa préface lorsqu’il écrivait: «J'ai considéré que, ces fables étant sues de tout le monde, je ne ferais rien si je ne les rendais nouvelles par quelques traits qui en relevassent le goût.»
Conférence prévue le 8 octobre 2024 à 14h30 pour les auditeurs de l'université Inter-âges (UIA) de Poitiers..
Faut-il avoir peur de l'IA ? Le cas Chat GPT.
Illustration d'Éric Chow.
Un poème d’André Breton? Non, un poème généré par une intelligence artificielle (IA)! Pendant longtemps, la peur de l’intelligence artificielle provenait essentiellement de technophobes et d’auteurs de science-fiction. Plus récemment la mise en garde est venue de personnalités qui se sont illustrées dans la technologie comme Bill Gates ou Elon Musk. Comme la créature de Frankenstein, ces nouvelles intelligences échapperont-elles un jour à leurs créateurs pour prendre le pouvoir?
Pour tenter de répondre à cette question, il faudra d’abord définir ce qu’est l’IA en remontant à celui qui en fut le pionnier, Alan Turing, celui-là même qui brisa le code secret de la marine allemande pendant la seconde guerre mondiale. Comment l’IA a-t-elle évolué depuis? Comment fonctionne-t-elle? Sommes-nous encore capables de différencier un morceau composé par un ordinateur de l’œuvre de l’homme? À ce titre, le dernier-né de l’IA, chatGPT, a déjà fait couler beaucoup d’encre: capable aussi bien d’écrire un poème qu’un programme informatique, de rédiger une lettre de motivation qu’une copie d’examen, il inquiète ou enthousiasme. Alors, miracle ou mirage?
Conférence prévue mardi 7 novembre 2023 à 14h30 pour les auditeurs de l'université Inter-âges (UIA) de Poitiers.
À réécouter ici.
Nihil novi sub sole. La survie d’un latin vivant dans la langue française: l’exemple des proverbes.
L'objet de cette conférence est de revisiter une langue que l’on croyait figée en redonnant du sens aux expressions et proverbes que l’on emploie tous les jours sans savoir qu’ils nous viennent directement... du latin. Je propose donc de les redécouvrir en les replaçant dans leur contexte d’origine. Je partirai de quelques mots et expressions qui font partie du quotidien des élèves, puis je prendrai des exemples de proverbes toujours employés en latin, avant de terminer par des proverbes qui viennent bien du latin mais qu’on a transposés en français.
Webinaire présenté le 3 décembre 2021 dans le cadre de la formation académique des enseignants de lettres classiques.
La conférence peut être réécoutée ici.
Pourquoi il faut continuer à enseigner l'Antiquité gréco-romaine.
Il est une guerre culturelle qui fait rage depuis quelque temps et qui s’incarne dans la « culture de l’annulation » (ou cancel culture) qui consiste à appeler au boycott voire tenter de détruire une personnalité, un propos ou une pensée considérés comme « offensants ». C’est ainsi qu’en mars 2019 la représentation à la Sorbonne de la tragédie grecque Les Suppliantes d’Eschyle a été bloquée sous prétexte d’une mise en scène « colonialiste, afrophobe et raciste ». Moins d’un an plus tard, au début de l’année 2020, l’université de Yale annonçait qu’elle supprimait un cours d’introduction à l’histoire de l’art, accusé de véhiculer un « canon occidental idéalisé ». Toujours aux États-Unis, Donna Zuckerberg, qui enseigne les lettres classiques dans la Silicon Valley, se demande si l’on peut sauver une « discipline qui a été historiquement impliquée dans le fascisme et le colonialisme, et qui continue d’être liée à la suprématie blanche et à la misogynie. » Faut-il donc « annuler » l’héritage gréco-romain ?
L’objet de cette conférence consistera à montrer que les Grecs et les Romains sont au contraire la source d’une grande tradition dont nous sommes les héritiers et qui mérite donc d’être étudiée en tant que telle car notre société, notre littérature, notre vie politique se sont construites en référence explicite, non pas aux cultures inca ou égyptienne, mais bien aux civilisations grecque et romaine, restées omniprésentes dans nos imaginaires. « Annuler » cet héritage ne revient-il pas à courir le risque de ne plus nous comprendre nous-mêmes ?
Conférence présentée le 7 octobre 2021 pour les auditeurs de l'université Inter-âges (UIA) de Poitiers.
La conférence peut être réécoutée ici.
Big Brother is watching you : quelle vie privée à l’heure des réseaux sociaux et du Cloud ?
Quand Orwell écrivait 1984, il aurait tout aussi bien pu écrire 2014: des scandales comme celui révélé par Edward Snowden en 2013 nous donnent en effet à penser que rien n’a changé. Sans parler de la surveillance de masse, nous sommes les premiers à livrer de notre plein gré – et parfois sans en avoir conscience – toutes sortes d’informations sur nous-mêmes. À l’heure des réseaux sociaux et du Cloud, peut-on encore parler de vie privée?
Dans cette conférence, j’aborderai cette question en montrant d’abord combien est paradoxale la notion même de vie privée sur internet. Puis je m’intéresserai à ce qu’on appelle l’identité numérique : qu’entend-on par cette expression ? comment protéger cette identité ? Je présenterai rapidement ensuite un réseau qui, parce qu’il s’incarne dans la quête de l’anonymat et de la confidentialité, est l’objet de toutes sortes de représentations fantasmées : le darknet. Et je ne terminerai pas ce tour d’horizon sans donner quelques conseils simples pour protéger ses données personnelles.
Conférence présentée le 27 novembre 2018 devant les auditeurs de l'UIA de Poitiers et le 10 mars 2020 davant les auditeurs de La Rochelle.
La figure de l’étranger en Grèce ancienne
La société d’aujourd’hui s’interroge sur son rapport aux étrangers, mais c’est une réflexion qui trouve son origine chez les Anciens: en effet, les Grecs ont rencontré bien d’autres peuples sur lesquels ils nous ont laissé leurs témoignages. Quel regard les Grecs portaient-ils sur les étrangers ? Citoyenneté, hospitalité, figure exotique du Barbare, ce sont ces questions que cette conférence abordera.
Nous partirons de la cité archaïque telle qu’on la connaît à travers Homère notamment, puis nous nous intéresserons dans la cité classique où apparaît la notion de citoyenneté, avant de découvrir le cosmopolitisme caractéristique de la cité hellénistique.
Conférence présentée le 18 février 2020 pour les auditeurs de l'UIA de Poitiers et le 2 décembre 2021 à Saumur.
Comprendre les Big Data à travers le cinéma
Au IIIe s. av. J.-C., le roi Ptolémée s'était fixé l'objectif de réunir dans la bibliothèque d’Alexandrie toutes les connaissances du monde. Il réussit à rassembler 500000 rouleaux venus de toute la terre que les copistes et les scribes n'eurent de cesse de recopier. On le voit, la fascination pour la profusion des données n'est pas propre à notre époque.
En 1941, l’Oxford English Dictionary parle pour la première fois de « l’explosion des données » dans le sens non seulement de prolifération des données mais aussi de mise en données d’informations qui n’avaient jusque là jamais été traitées. Mais c’est en 1997 qu’est employée pour la première fois l’expression de « Big data » par deux chercheurs de la NASA. Qu'entend-ton par là? Pour répondre à cette question, nous nous appuierons sur un certain nombre de films hollywoodiens grand public qui, pour certains, semblent avoir anticipé le phénomène et, pour d'autres, illustrent l'enthousiasme ou la défiance qu'inspirent les Big Data dont les perspectives et opportunités semblent aujourd'hui sans limite.
Conférence donnée aux étudiants d'Arts du spectacle de l'UFR Lettres et Langues (2018).
Nihil noui sub sole: racines latines de notre pensée proverbiale
L’objet de cette conférence est de redonner du sens à quelques expressions que l’on emploie au quotidien sans savoir ce qu’elles signifient vraiment, et souvent sans savoir qu’elles nous viennent directement... du latin. Je vous propose donc de les redécouvrir en les replaçant dans leur contexte d’origine. On s’intéressera d’abord à quelques locutions latines que l’on emploie dans la langue de tous les jours et dont on ignore souvent le sens d’origine. Mais la survivance du latin dans notre langue ne se limite pas à cela : on emploie au quotidien un certain nombre d’expressions que les Latins employaient déjà : certaines d’entre elles sont passées telles quelles en français et on les cite donc en latin ; d’autres, en revanche, sont directement traduites du latin et on les emploie sans soupçonner qu’elles viennent de la langue de Cicéron.
Conférence présentée le 22 mars 2016 dans le cadre de l’UIA de Poitiers.
Le livre et le numérique: les enjeux d’une révolution en marche
Le choc du numérique a atteint le livre de plein fouet et, depuis une quinzaine d’années déjà, on assiste à une vaste entreprise de numérisation de l’écrit. Le rêve de pouvoir emporter partout avec soi toute sa bibliothèque est devenu réalité avec l’apparition des livres électroniques. Bien plus, comment ne pas se réjouir du formidable progrès que représente la possibilité pour tout un chacun d’accéder, en quelques clics, à l’ensemble du patrimoine écrit de l’humanité grâce aux bibliothèques numériques. Et pourtant, les conditions dans lesquelles cette idée prend corps déclenchent, de divers horizons, plusieurs levées de bouclier. C’est aux différents aspects et aux conséquences de cette révolution que j’aimerais m’intéresser dans cette conférence.
Conférence présentée le 26 février 2014 dans le cadre de l’université Inter-Âges (UIA) de Poitiers et actualisée en vue d’une présentation le 18 octobre 2018 dans le cadre de l’université du Temps Libre de Saumur.
Pourquoi peut-on encore lire les grandes œuvres de l’Antiquité? Petite histoire de la transmission des textes
Quand vous prenez, sur le rayon de votre bibliothèque, l’Odysséed’Homère ou le dernier polar de Fred Vargas, rien ne les distingue matériellement. Et pourtant ! Entre l’auteur contemporain et son livre, rien ne s’interpose, le texte est celui que l’auteur a définitivement écrit, exceptions faites des fautes d’impression ou autres coquilles. En revanche, des siècles séparent les éditions des textes antiques que vous avez dans les mains du texte qu’ont écrit ces auteurs qui vivaient bien avant notre ère! C’est à cette histoire de la transmission de la littérature antique que j’aimerais m’intéresser dans cette conférence.
Conférence présentée le 22 mars 2012 dans le cadre de l’UIA de Poitiers et le 30 janvier 2014 à Saumur.
L’acteur dans la Rome antique: fama ou infamia, star ou paria?
Alors même que tous les yeux des Romains étaient tournés vers les acteurs, considérés comme des stars, ces derniers étaient socialement et légalement marginalisés. C’est à ce statut paradoxal de l’acteur à Rome que je voudrais m’intéresser dans cette conférence.
Conférence présentée le 21 février 2013 dans le cadre de l’UIA de Poitiers et le 7 mai 2015 à Saumur.
À la découverte des fragments des pièces d’atellanes, ancêtres de la commedia dell’arte?
L’atellane, farce d’origine osque, jouée par des acteurs masqués, connut une grande vogue dans la région de Naples à l’époque de Cicéron. L’originalité de ce genre était de mettre en scène des personnages portant le même nom qui représentaient des types populaires, le bouffon, l’imbécile bavard, le vieux pédant, le glouton.
Dans cette conférence, après avoir présenté ce genre qu’est l’atellane – genre malheureusement presque entièrement perdu pour nous – nous nous demanderons s’il n’est pas l’ancêtre du théâtre populaire italien, apparu bien plus tard, au XVIe siècle, et qu’on appelle commedia dell’arte.
Le 19 mai 2011, UIA Poitiers.
L’Antiquité au cinéma
Quand on parle de l’Antiquité au cinéma, on pense d’abord au péplum : que ce soit à travers ses grandes figures mythologiques ou bien ses grands hommes, depuis la Bible jusqu’aux empereurs romains, l’Antiquité n’a cessé d’intéresser la septième art dès ses débuts. La façon dont elle a été mise en scène mérite qu’on s’y intéresse.
Étant donné l’ampleur et la diversité du sujet, je ne m’intéresserai, dans cette conférence, qu’à deux approches radicalement opposées dans l’art de porter sur le grand écran des grands textes de l’Antiquité (ou des grands textes mettant en scène l’Antiquité) : d’un côté, le choix du théâtre filmé, illustré par le film Jules César de Mankiewicz, fidèle adaptation de la pièce de Shakespeare du même nom ; de l’autre, le choix de la réécriture parodique, illustré par le film O’Brother des frères Coen, libre adaptation de l’Odyssée d’Homère.
Le 21 janvier 2010, UIA Poitiers.
Molière, lecteur de Plaute
En effet, si c’est un lieu commun de dire que la littérature française s’est formée sur le modèle de la littérature latine, on s’est assez peu intéressé aux modalités concrètes de cette imitation. Nous ne prendrons ici que deux exemples de réécriture dans le théâtre de Molière : l’Avare et Amphitryon, adaptation de deux pièces de Plaute, l’Aulularia et Amphitryon (pièce du même nom). Nous montrerons que si Molière s’inspire largement du dramaturge latin, il se livre aussi à un véritable travail de réécriture qui lui permet de rivaliser avec son modèle.
Le 10 décembre 2008, UIA Poitiers.